Bilan 2015 & perspectives 2016

Joyeuses fêtes à tous nos lecteurs ! Pour conclure 2015 en beauté, voici un bilan de nos activités, ainsi que le programme pour l’année à venir.

Satori

Un des dessins réalisés par Orties pour notre artbook :3

Si vous vous souvenez bien, 2014 avait été une année complètement folle puisque nous avions sorti pas moins de quatre jeux, réalisé des produits dérivés dont une version améliorée de nos plus anciens VN, tenu un stand à Japan Expo et complètement rénové le devblog (en ajoutant un site web). Je m’étais promis de ralentir la cadence sous peine d’exploser. 2015 a-t-il été plus calme ?

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Le futur de Milk~La légende des étoiles

Comme je l’avais promis la dernière fois, voici un article un peu spécial pour expliquer ce qu’il va advenir de Milk. En effet, Milk~La légende des étoiles est un cas un peu particulier : vu qu’il s’agit d’un jeu épisodique inachevé, il se retrouve nécessairement coincé entre notre période amateure et la nouvelle période qui s’annonce où nous produirons des visual novel commerciaux.

Nous aurions pu poursuivre le développement sans rien changer, or, comme je l’ai expliqué dans le dernier post, c’est bien parce que c’est dorénavant impossible que la Träumendes Mädchen a décidé de se professionnaliser. En suivant cette logique, la seule manière pour nous de continuer Milk serait d’en faire un projet commercial. Ce qui pose problème dans la mesure où, comme nous avons gagné en expérience depuis nos débuts, l’écart de qualité entre les épisodes est assez criant, notamment sur le plan visuel. On ne peut pas vendre un visual novel qui ait des graphismes aussi hétérogènes. Et ce, d’autant plus que le contact a été coupé avec certains anciens membres et qu’il serait déloyal de vendre leur travail sans leur autorisation.

Il n’y a donc pas 36 solutions pour poursuivre l’aventure : nous allons refaire Milk pour l’adapter à nos exigences actuelles. Ainsi les graphismes seront harmonisés et j’en profiterai pour réécrire une partie du scénario. Jusqu’ici, je n’avais pas touché à grand-chose alors que le script a été finalisé en 2011, ce qui est assez exceptionnel, mais je ne suis pas satisfaite de la manière dont j’ai rédigé l’Episode 1 et ce qui aurait dû être l’Episode 6. C’est donc l’occasion idéale pour revoir ma copie et proposer un meilleur texte en me basant sur vos retours (que je recherche toujours, par ailleurs). J’ai par ailleurs très envie de proposer quelques scènes additionnelles facultatives dans l’arc de Khzi (que je modifierai plus légèrement) pour développer un peu plus les mercenaires et notamment ceux qui n’ont pas eu beaucoup de « temps d’écran ». D’ailleurs, la présentation restera très linéaire mais le rendu devrait être un peu plus dynamique. La majeure partie des membres ayant officié sur la première version seront de la partie et c’est Laniessa qui deviendra l’artiste principale du projet !

Ça rend mieux, non ?

Par contre, la quantité de travail étant astronomique, ce remake de Milk sera nécessairement étalé sur plusieurs années « en arrière-plan » de Chronotopia, notre projet commercial. Il n’y aura donc pas d’Episode avant un bon moment malheureusement, c’est pour cela qu’il me tenait à cœur d’atténuer l’attente en finalisant l’arc de Khzi au préalable. Pour la même raison, les nouvelles sur notre avancement se feront plus rares. Et, jeu commercial oblige, la nouvelle version ne sera distribué qu’à un panel déterminé de testeurs tant que la route commune ne sera pas complète. Si vous souhaitez faire partie de ce panel, c’est simple : il faudra soit devenir un de mes patrons (dans la mesure où je donne toujours l’accès anticipé à mon travail sur Patreon à partir d’un certain montant), soit m’envoyer un mail sur l’adresse de l’équipe pour demander à participer. Dans ce dernier cas, je vous demanderai simplement de me donner votre avis (puisque c’est cela qui m’intéresse) afin que je puisse améliorer Milk autant que possible. La première version de Milk va rester en ligne encore un moment et j’annoncerai publiquement la suppression du lien une fois que le remake aura atteint un stade satisfaisant. Vous avez donc encore de longs mois pour en profiter !

Capture d’écran random pour montrer les différentes tailles sur lesquelles on peut jouer

Voilà, il y a des bonnes et des moins bonnes nouvelles : d’un côté, il va vous falloir être patient, mais de l’autre Milk va revenir en mode tout beau tout propre ! C’est un peu masochiste de repartir pour une longue période de développement mais en même temps, on a prouvé qu’on pouvait tenir la durée et je pense que ça vaudra le coup. En tout cas, j’espère que vous apprécierez le changement =).

Le roi est mort, vive le roi !

Cela fait un moment déjà que je laisse entendre un peu partout que les choses vont changer. Il est désormais grand temps de l’expliquer publiquement : l’équipe telle qu’elle existe aujourd’hui va disparaître.

TM teaser2Des amateurs sans prétention…
Les raisons sont aussi simples que multiples mais toutes se recoupent : jusqu’à maintenant, les différents membres étaient de jeunes à très jeunes étudiants qui faisaient du visual novel bénévolement sur leur temps libre. Le but était de s’amuser, d’expérimenter, de montrer qu’on pouvait faire pas mal de choses avec de l’envie et de la motivation. On a quand-même sorti pas mal de petits VNs made in France, et puis l’ambiance était sympa. Seulement voilà, le temps a passé depuis 2012 : certains membres ont envie de passer à autre chose et empruntent désormais leur propre chemin alors que d’autres sont toujours aussi motivés mais ne peuvent plus passer autant de temps qu’avant sur ce hobby, la faute à leurs études qui prennent de la place (je pense à ceux qui sont en école d’art, par exemple, un cursus exigeant mine de rien). Plus globalement, la création de visual novel est quelque chose qui bouffe énormément de temps et jusque là aucun d’entre nous n’en avait tiré de réelle contrepartie sinon le plaisir de voir les gens lire nos histoires (mais on ne remplit pas le frigo avec des sourires, même si ce serait chouette). Bref, il est désormais impossible de travailler comme avant. Je le savais, je le voyais venir.

De mon côté (à bientôt 25 ans je suis une des plus vieilles maintenant), je suis confrontée au marché du travail. Il me faut bien trouver un emploi pour survivre et payer le loyer. Dans le même temps, ce qui n’était qu’un simple coup d’essai s’est transformé en passion et j’ai envie d’aller plus loin que ce que de simples amateurs peuvent faire, je veux expérimenter plus, plus grand. Ce paradoxe m’oblige à prendre une décision particulièrement difficile. Je ne ferais pas durer le suspens davantage parce que la question ne s’est pas posé trop longtemps : je ne veux pas abandonner ce qui me fait vivre (l’écriture, la création en général). J’ai l’habitude de devoir me débrouiller toute seule, des situations difficiles. Et surtout, je refuse d’avoir de regrets. Je suis prête à me défoncer jour et nuit s’il le faut mais hors de question de baisser les bras sans avoir essayé.

Jeux TMAlors voilà, c’est avec à la fois beaucoup d’appréhension et d’excitation que je vous annonce que la Träumendes Mädchen va cesser d’être une équipe amateure…pour devenir une entreprise de création de visual novel officielle, la toute première en France si je ne m’abuse ! Il s’agira d’une petite structure (dirigée par une seule personne, c’est-à-dire moi) qui embauchera différents artistes selon les projets dans les cartons. Les anciens membres ne sont donc pas forcément très loin puisque je ferais appel à eux, simplement ce sera de manière rémunérée cette fois ;).

HoloLe futur
Tous nos projets courts resteront bien évidemment gratuits, rien ne bouge de ce côté-là, et je compte monter une boutique en ligne pour proposer tous les produits dérivés imprimés à l’occasion de Japan Expo. Le site web va progressivement faire peau neuve pour refléter la nouvelle situation. Pour ce qui concerne Milk, il va effectivement y avoir des changements mais pas de panique, je ferais une annonce à ce sujet dans peu de temps pour vous expliquer tout ça.

A l’heure où vous lisez ces lignes, les démarches sont déjà bien engagées, sinon terminées. Je ne vous cache pas que monter une entreprise est un pari très risqué : il y a beaucoup de concurrence dans le milieu du jeu-vidéo et il vaut mieux savoir ce que l’on fait. Mais, comme je le disais tout à l’heure, je suis déterminée et je ferais tout ce qui en mon pouvoir pour que cela réussisse. Seulement, j’ai besoin de votre aide ! J’ai besoin de vos encouragements, de vos retours, et bien évidemment je vous invite à acheter nos jeux quand ils sortiront pour nous permettre de continuer l’aventure. C’est votre soutien qui fera toute la différence. Montrons à tous que le visual novel a un avenir en France. Quelle que soit l’issue de ce pari, je ne doute pas que mon expérience servira à tous ceux qui s’intéressent de près au média. Si nous survivons, c’est la preuve qu’il est possible de se lancer dans le marché, et si nous échouons, vous saurez très vite pourquoi et ce que vous pouvez en tirer comme informations. C’est une drôle d’aventure qui s’annonce pour le visual novel français et je compte sur vous pour la suivre de près !

Que ceux qui pensent que je suis désormais pleine aux as se rassurent : je suis toujours aussi pauvre car l’argent de l’entreprise provient d’un prêt (je me suis donc engagée sur plusieurs années pour que tout ceci devienne possible). Celui-ci servira d’ailleurs à financer le tout premier projet commercial de la Träumendes Mädchen : Chronotopia. Où il est question de réincarnation, de contes de fée à la sauce « dark » et de gens qui meurent, souffrent et voyagent dans le temps pour souffrir plus. Plus d’informations à venir dès que la production sera lancée ! Les plus impatients d’entre vous pourront déjà découvrir des éléments sur mon Patreon (ils ont tout en exclusivité mais ils le valent bien~).

banner_storenvyEn bref
Donc voilà, en conclusion, l’aventure ne s’arrête pas, elle prend juste une nouvelle forme. On vous remercie très fort pour votre soutien durant toutes ces années, on a hâte de vous montrer ce qu’on prépare et on espère que le résultat va vous plaire. En tout cas, on va se défoncer pour que vous soyez fiers/fières de nous. Et sinon, n’hésitez pas à nous suivre sur les réseaux sociaux si ce n’est pas encore fait : on y poste beaucoup plus fréquemment ;). Et si ce n’est pas votre truc, vous pouvez désormais vous inscrire à notre newsletter mensuelle pour recevoir les dernières nouvelles par mail !

En attendant Godot

Ce post sera aussi court que mélancolique. Pour faire passer la pilule, voici des images stupides du mini-jeu secret caché dans Between Heaven and Hell. Oui, nous avons osé. Ceux qui l’ont trouvé SAVENT.

MockupJe ne cacherai pas que les dernières semaines ont été assez difficiles pour l’équipe. Entre les évènements récents, le retard pris avec la traduction du contenu bonus de Wounded by Words, et pas mal de déconvenues que je ne mentionnerai pas ici, nous n’avons pas été très actifs. Du moins en dehors de la sortie du 5e épisode de Milk et de l’OST de Between Heaven and Hell (n’hésitez pas à y jeter une oreille).

pythonw 2015-11-22 18-16-15-62Plus concrètement, j’avais promis une annonce importante et je travaille toujours dessus. Je pense que c’est une phase capitale et que vous avez le droit de savoir ce qu’il va advenir de l’équipe. Seulement j’ai du mal à trouver les mots justes pour vous expliquer ce qu’il se passe en coulisses, c’est un peu chaotique. Je suis à la fois impatiente et effrayée de rendre ma décision publique. Quoi qu’il arrive, que ce soit perçu comme positif ou négatif, je dois le faire et j’espère que vous me lirez jusqu’au bout. L’annonce devrait être prête d’ici une ou deux semaines, en attendant portez-vous bien, et merci de nous avoir suivi durant toutes ces années :3.

Milk Episode 5 Release !

EP5Environ six mois après la sortie de l’Episode 4, nous revoici avec la suite de Milk~La légende des étoiles. Je dois dire que ça fait plaisir d’arriver à être ponctuels (deux épisodes par an) dans la mesure où on ne veut pas trop vous faire attendre non plus ;). Comme d’habitude, le lien de téléchargement est disponible sur la page du jeu et la nouvelle version contient bien sûr son lot d’améliorations !

C’est la fin du périple de Khzi. L’albinos et ses compagnons doivent terrasser le Grand Prêtre une fois pour toute, mais un pressentiment menaçant laisse entendre que tout ne se finira pas aussi proprement qu’ils l’espèrent.

Combat finalComme le synopsis le laisse présager, cet Episode sonne la fin des aventures de Khzi. Si vous vous êtes arrêté, c’est le moment idéal pour reprendre l’histoire (surtout que niveau lecture, vous êtes servis) ! En tout cas, profitez-en bien, car l’Episode 6 ne sera malheureusement pas disponible avant un bon moment.

En effet, l’équipe va désormais prendre une nouvelle forme et cela va forcément avoir des retombées sur le développement de Milk. Plus de détails dans la grande annonce que je prépare à ce sujet. Je compte sur vous pour la lire quand elle sera en ligne car ça me tient vraiment à cœur.

Voici Halloween, voici Halloween

Coucou, tout le monde. Il fait drôlement froid depuis la fin de l’été, tellement que j’ai fini par tomber malade, d’où un moment de flottement entre la sortie Android de HVNCML et celle de Garden of Oblivion. Comme annoncé à la rentrée, ce dernier est désormais disponible gratuitement en anglais et en français, toutes plateformes confondues !

Quant à Milk, la sortie approche à grands pas ! Il ne nous reste plus que 2 CGs, la fin de la traduction et quelques modifications pour que l’Episode 5 soit terminé. Je suis donc à peu près sûre de moi en tablant sur une release d’ici la fin du mois. A savoir que ce sera probablement la dernière avant un long moment. Je vous expliquerais tout ça en détails plus tard mais de gros changements se profilent d’ici les semaines à venir.

Sinon, j’ai une bonne nouvelle. Avec Roganis, on compte également sortir l’OST de Between Heaven and Hell (Garden of Oblivion + Wounded by Words donc) aux alentours d’Halloween et je réfléchis à peut-être organiser une nouvelle loterie prochainement ~

Du coup, comme d’habitude, suivez-nous sur les réseaux sociaux pour être les premiers au courant o/.

Alors comme ça tu veux faire un portage Android de ton visual novel ?

Si vous nous suivez sur les réseaux sociaux, vous savez que Being Beauteous et Ambre sont tous les deux sortis sur Google Play il y a quelques jours. Au début, j’ai hésité à vous donner des détails plus techniques, mais comme la développeuse de Mystery Corgi m’a demandé des précisions sur Twitter, voici mon expérience avec les portages Android. Attention, ça va être violent !

Voir son jeu tourner sur téléphone, ça reste quand-même une sacré fierté *__*

Pour commencer
Vous avez enfin fini votre dernier visual novel en date et vous vous dites que le multi-support c’est l’avenir. Vous désirez donc le rendre disponible sur toutes les plateformes possibles pour qu’il soit lu. La bonne nouvelle c’est que RenPy met à disposition un petit guide. Vous commencez donc à télécharger une série de logiciels que vous n’ouvrirez jamais directement mais que RenPy utilisera à votre place. Vous avez besoin du Java Development Kit, d’Apache Ant et du Android SDK. Une fois que c’est fait, vous avez encore besoin de télécharger le Ren’Py Android Packaging Tool, si ce n’est pas encore fait. Celui-ci consiste en un bête dossier que vous devrez placer à la racine du SDK (le kit de développement de RenPy que vous utilisez). En ouvrant RenPy, vous pouvez désormais configurer votre projet.

L’émulation proposée par RenPy n’est pas mal mais rien ne vaut de tester directement sur le support concerné.

La configuration du compte Google Play
Et c’est là que les choses vont se compliquer. Car ça ne sert à rien de générer un build tout de suite, vous allez juste faire planter RenPy. Avant de passer à l’étape supérieure, il vous faut quelque chose d’essentiel : une clé de chiffrement. Et personne ne vous expliquera comment procéder. De ce que j’ai cru comprendre (mais c’est vraiment pas super clair), vous avez besoin de passer par Google Play, même si vous ne souhaitez pas proposer votre produit dans leur boutique (?). Pour obtenir un compte développeur Google Play, vous devez vous inscrire avec un compte Google (je pense que tout le monde en a au moins un) et payer des frais de 25$.

Une fois le précieux sésame obtenu, vous aurez tout un tas d’options à configurer. Il semble qu’il vous faut absolument un client OAuth et un compte de service (voir le menu Accès à l’API ci-dessus) et pour cela, vous devez récupérer l’empreinte SHA-1 du certificat. Ce qui s’est révélé un sacré casse-tête dans mon cas. J’ai épluché le net pour savoir comment l’extraire de android.keystore, le fichier généré par RenPy au tout début de la manœuvre, mais rien à faire, aucune manipulation ne fonctionnait. En désespoir de cause, je me suis tournée vers Keul qui m’a conseillé de télécharger l’extension HashCheck Shell. Grâce à cette astuce, il m’a suffi d’ouvrir les propriétés du fichier pour trouver l’empreinte SHA-1. Je n’ai aucune idée de l’orthodoxie ou non de la méthode mais la configuration du compte Google Play m’a profondément énervé. J’ai rarement vu plus inutilement compliqué et ça m’a fait prendre conscience d’à quel point la vie était facile avec RenPy et toute sa communauté toujours présente pour un conseil ou un tuto T_T.

Normalement à ce stade, vous pouvez enfin créer des projets et générer une clef pour chacun (à ne surtout pas perdre !).

RenPy s’occupe de tout…ou presque
De retour dans RenPy, il vous faut incorporer la clé dans votre jeu. En suivant les conseils de Sleepy Agents trouvés sur le net, j’ai copié-collé les miens dans mon fichier options.rpy.

Vous avez aussi besoin d’un autre code, et encore une fois, impossible de trouver des générateurs simples et efficaces, vous devrez donc faire à votre sauce (ou utiliser la suite basique mais complètement risquée que le tuto RenPy indique en exemple). Une fois ces deux lignes ajoutées, vous pouvez enfin générer votre build.

Une dernière remarque concernant la configuration : RenPy va vous demander si vous désirez des extensions pour votre portage Android (selon la taille du fichier). Vous aurez vraisemblablement besoin des deux versions : la version sans extension vous permettra d’installer le jeu sur un support Android pour faire des tests en toute tranquillité, alors que la version avec extension est nécessaire pour passer par Google Play. La limite de taille étant de 50MB, il est presque impossible de faire moins, même avec un projet très court.

La configuration de la page Google Play
Admettons que vous souhaitez proposer votre jeu sur Google Play, voici quelques astuces qui, je l’espère, vous seront utiles.

• Pour commencer, vous avez forcément besoin d’importer votre fichier APK. Je vous conseille de le mettre dans la catégorie Test Alpha directement, sinon Google Play refusera de vous laisser ajouter une extension (heureusement vous pouvez toujours changer le fichier de catégorie à loisir).
• En remplissant la page de description du projet, vous vous rendrez vite compte qu’il va falloir faire dans le concis. Faites attention, Google Play va essayer plusieurs fois de vous recommander de traduire le résumé grâce à leurs services. Ça semble relativement sympa mais ces services sont en fait payants et on vous demandera très vite de dégainer la carte bleue pour un montant pas si anecdotique ! A moins d’avoir des sous à perdre, je vous conseille de faire la traduction vous-même ou de passer votre tour.
• Le questionnaire pour classifier le contenu n’est absolument pas adapté à un visual novel et pas forcément très clair non plus. C’est assez difficile de savoir ce que chaque formule cache. Cette confusion m’a ainsi valu de récolter un PEGI 18 avec Garden of Oblivion dès le premier essai parce que je ne savais pas faire la différence entre la violence « lointaine » et « rapprochée ». Soyez donc attentifs et n’hésitez pas à refaire le questionnaire plusieurs fois pour comparer !
• Pour vendre le jeu au prix souhaité, il faut obligatoirement un compte marchand et celui-ci vous demande des informations relatives à votre entreprise. Sinon vous serez obligé de proposer l’application gratuitement.

Avec tout ça, votre application est normalement prête à être publiée. Mais avant d’appuyer sur le bouton fatidique, une petite vérification s’impose : votre jeu est-il adapté au format Android ?

Des problèmes d’ergonomie
Histoire de vous donner matière à réflexion, voici une série de problèmes qui se sont présentés quand j’ai donné les jeux à tester à Keul sur son téléphone.

Comme le montre le doigt de Keul, c’est compliqué de cliquer sans aménager l’interface au préalable…

• La plupart des quickmenu (les boutons de navigation au dessus de la textbox et parfois présent en mode NVL) étaient beaucoup trop petits. Il m’a donc fallu transformer certaines images en texte pour pouvoir agrandir la taille comme je le voulais (ça a été le cas pour Ambre) mais aussi rajouter de l’espacement entre les boutons.
• Il va sans dire que la taille du texte en général a dû être agrandie au maximum pour un meilleur confort de lecture.
• Là où la manipulation s’est légèrement complexifiée, c’est que certains de nos jeux utilisent beaucoup d’images. HVNCML, notamment, m’a demandé une bonne après-midi de réflexion : il a fallu que j’augmente l’image de fond pour mieux placer/agrandir les boutons du menu du haut, ce qui a entraîné des collisions avec le texte qui passait en dessous l’image. De même avec la fenêtre de MP en bas à droite. Ce n’est qu’après de nombreux tests que j’ai pu équilibrer tout ça.
• Tout aussi embêtant, les icônes de Garden of Oblivion étaient trop petites et trop proches les unes des autres, ce qui supposait de les agrandir et de modifier les placements. Nouveau problème : le bouton qui devait déclencher le menu de pause avec toutes les options du jeu étant visiblement peu utilisé, Keul m’a conseillé de faire un quickmenu. J’ai donc dû créer de nouveaux boutons en me basant sur le style existant et les placer correctement, tout en surveillant si ça ne débordait pas sur les sprites (c’était le cas du lapin). Il m’a également fallu cacher ces boutons durant les phases de puzzle pour ne pas gêner l’action du joueur.
• Vu que sur Android, le jeu est forcément en plein écran, le bouton Fullscreen/Window des options ne sert plus à rien non plus ! J’ai toutefois préférer le garder plutôt que de laisser un gros trou X).

Bref, tout ça pour dire que si le portage Android ne nécessite pas forcément de refaire complètement l’interface du jeu, il y aura forcément besoin de quelques ajustements !

Pour conclure
Ca y est, vous êtes enfin prêts à publier votre application ! Reste à attendre l’autorisation de Google Play (cela peut prendre quelques heures) et votre jeu sera disponible. Vous avez souffert mais c’était pour la bonne cause ! Heureusement pour vous, je suis là pour raconter mes déboires et essayer de vous empêcher de faire les mêmes bêtises que moi =’D.

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Capture de la version Android : admirez le nouveau quickmenu à droite =’)

N’oubliez pas que HVNCML sort sur Google Play mercredi prochain et GoO la semaine suivante (en anglais et en français) ! Si vous avez le temps, testez nos portages Android et dites-moi ce que vous en pensez, ça me fera plaisir :3.

L’été est fini

Ca y est, c’est la rentrée ! Il est donc temps de faire le point. Concernant le développement de l’Episode 5 de Milk, je suis assez satisfaite dans la mesure où j’ai habituellement beaucoup de mal à avancer pendant les grandes vacances. Or cette fois-ci, nous avons réussi à finir tous les décors, grâce à la rapidité de Kinect et Orties, et le reste est bien entamé, ce qui est un bel exploit. J’espère arriver à sortir cet Episode d’ici les prochaines semaines, il n’y a plus qu’à espérer !

Animation de la brume, Episode 5 de Milk

Après mûres réflexions, j’ai décidé de changer de service de distribution en migrant les projets courts de la Short Story Compilation sur itchio, bien plus pratique que Gumroad, d’où le déménagement de ce weekend. Concrètement, ça ne change pas grand-chose pour vous mais je pense que le résultat sera plus agréable (plus de confusion autour du Pay what you want notamment).

Décor de la salle de torture, Episode 5 de Milk

En parlant des projets courts, j’ai également une bonne nouvelle : toutes les semaines à partir de maintenant, nos allons sortir une version Android de ces jeux qui sera disponible sur Google Play. Ainsi, où que vous soyez, vous pourrez lire un visual novel vite fait sur votre téléphone ou votre tablette ! On va commencer chronologiquement par Being Beauteous, la toute dernière version qui comprend une traduction espagnole et japonaise (cette version est déjà disponible sur itchio d’ailleurs !), pour terminer par Garden of Oblivion en anglais et en français. Rien n’a pour l’instant été décidé pour Wounded by Words dans la mesure où c’est notre projet le plus récent : en effet j’aimerais encore garder du contenu exclusif pour les possesseurs de la copie physique. Nous aviserons donc plus tard…

Ecran de sélection de la langue : il va y avoir l’embarras du choix !

Pendant ce temps, je vous souhaite une bonne rentrée à tous et à toutes !

Ma vision de développeuse : lutter contre l’autocensure

Récemment sur Twitter, Heiden, une autre développeuse, m’a demandé si je pouvais décrire d’où je tire mon inspiration pour écrire et ce qui me motive à écrire. C’est un peu compliqué dans mon cas mais la question est suffisamment intéressante pour que je me penche dessus !

Inspiration : un joyeux patchwork

Pour commencer, selon les projets je puise dans des sources extrêmement diverses et a priori incompatibles : littérature classique, contes, dessins animés, B.D, films, jeux-vidéo, anime, visual novel, mythologie, etc. J’en ai déjà évoqué quelques unes mais voici une liste un peu plus exhaustive.

Pour Being Beauteous, je me suis surtout basé sur la version de Disney et particulièrement sur le passage de la chanson d’amour (cf genèse), en imaginant comment la romance entre les deux protagonistes pourrait fonctionner sans son catalyseur principal. Et aussi ce qu’il y a après le « happy end habituel, comment évolue la relation, ce qu’il se passe si les personnages vieillissent. Le travail a surtout consisté à appliquer ma vison des choses à une itération que je n’apprécie pas particulièrement. Pour être honnête, BB est en réalité au moins ma 2e ou 3e réécriture de Cendrillon. L’autre idée qui me trotte dans la tête depuis des années implique une Cendrillon narcoleptique. Aussi, BB est surtout né à une période où je découvrais les affres des sentiments : vous pourrez difficilement tirer plus romantique de ma part et le résultat est quand-même doux-amer =’).

Jaquette AmbreAmbre est mon projet court aux influences les plus variées : comme déjà évoqué dans ma genèse, j’ai puisé dans un chapitre de World War Z de Max Brooks que m’a décrit mon colocataire (celui de la petite fille survivante de l’apocalypse), dans la chanson Moment 4 Life de Nicki Minaj qui illustrait à mon sens parfaitement le complexe de Cendrillon, mais aussi dans un fait divers romancé par un avocat français (Rien n’est jamais juste, de Maître Mô).

Plus étrangement, je me suis inspiré d’une comédie romantique dont j’avais simplement vu l’affiche dans une gare en prenant le train en 2012. En gros, c’est l’histoire d’un couple heureux qui bascule lorsque la fille perd la mémoire, revenant plusieurs années en arrière avant de rencontrer son mari. Et je me suis tout simplement demandé ce qui se passerait si mon conjoint se retrouvait face au même problème. Ayant vécu pas mal de choses dans ma vie, la réponse varie selon la perte de mémoire et mon comportement diffère radicalement. A une époque notamment, j’étais obsédée par l’idée d’être normale et j’ai essayé de tuer celle que j’étais pour correspondre à ce que l’on attendait de moi. J’ai beaucoup souffert de ces tentatives maladroites et ça a nécessairement marqué celle que je suis aujourd’hui. Durant cette période noire, j’ai notamment essayé de trouver des repères en me basant sur les médias populaires dont on abreuve les jeunes (télévision, cinéma, radio, magazines féminins) pour savoir comment je devais me comporter. Avec le recul, le résultat était foncièrement ridicule et maladroit, mais je tentais sincèrement de correspondre aux attentes de la société. Je ne souhaite à personne de passer par là… Ambre est donc une espèce de fiction de ce que j’aurais pu devenir si je n’avais pas craqué sous la pression et décidé de suivre ma propre voie.

Inspiré de faits réels :p

Pour How visual novel changed my life, je n’ai aucune inspiration dans la mesure où c’est un collage remanié de discussions IRC réelles ;). On peut considérer que tous les membres de l’équipe l’ont écrit !

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Concept art représentant La métamorphose de Kafka (@Eolyus)

L’idée de base de Garden of Oblivion était de crée une sorte de Yume Nikki scénarisé avec des éléments de point & click. Malheureusement le concept n’a jamais vraiment pu aller plus loin. Du reste, on peut considérer que tous les autres éléments sont également issus de mon expérience personnelle : la volonté de se retirer dans un monde imaginaire idéal, le fait de ne pas se sentir en adéquation avec la société, l’incapacité à prendre une décision menant à une lutte intérieure, etc. D’ailleurs les animaux parlants, dont on m’a dit qu’ils rappelaient trop Dreaming Mary, sont quasiment tous des peluches que je possède actuellement ou possédais jeune et représentent ma relation avec mon enfance.

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Concept art de Hassan (@Kinect)

Wounded by Words est plus compliqué dans la mesure où il ne s’inspire que du réel. Je me suis basée sur des témoignages pour représenter Gabriel et Hassan (vu que ce sont des perspectives que je maîtrise moins bien) mais globalement tous les personnages ont le même problème, qui est quelque chose que je traverse actuellement : la difficulté à aller de l’avant quand on ne fait pas partie de la vision dominante. En tant que femme handicapée, je dois souvent galérer pour faire la même chose que les autres et je reste mal perçue même dans ma propre famille. C’est un sentiment très compliqué et profondément décourageant que je voulais partager pour expliquer un peu ce que je ressentais. D’ailleurs, Dave est uniquement là pour incarner ce regard extérieur blessant auquel font face les autres dans la vie de tous les jours et le personnage est basé à la fois sur mon ancien directeur de stage et plusieurs membres de ma famille. Surtout mon père, en fait. Désolée si tu me lis, papa, mais tu es vraiment comme ça et c’est insupportable…

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Ceci n’est pas un harem…

Milk~La légende des étoiles étant un projet encore plus colossal que tous les autres réunis, les inspirations sont encore plus variées et diffèrent selon les segments. La partie « harem lambda » est bien sûr tiré des charage/moege que je voulais complètement réadapter à ma sauce parce qu’ils ne me conviennent pas en l’état actuel des choses. Dans ma vision, le héros n’est qu’un catalyseur, c’est l’histoire de l’héroïne concernée qui est au premier plan, et notamment sa dimension psychologique. Toutes les héroïnes sont d’ailleurs très fortement inspirées de fragments de ma personnalité (comme le héros, d’ailleurs). Je me suis donc beaucoup inspiré de Yume Miru Kusuri. L’ironie c’est qu’à l’époque où j’ai écrit Milk, il s’agissait un peu d’une fiction imaginant ce qui se passerait si je venais à tomber amoureuse. Et je me connais tellement bien que certains fragments de l’histoire me sont ensuite réellement arrivés…

Gamines

Extrait de l’artbook Croisée des Horizons (@Orties)

La partie dédiée à Khzi était à la base un gros délire basé sur tous les clichés des romans d’aventure et de fantasy possible et imaginable. J’ai essayé de m’en moquer et de pousser l’absurde jusqu’au bout. Khzi en elle-même devait être un personnage de tueuse super sérieuse et super classe à la base (car j’adore ce type d’héroïne) mais j’ai préféré en faire quelqu’un de foncièrement imprévisible comme Yumiko de Read or Die. La tueuse super sérieuse et super classe est donc devenue Freyja.

La partie Légende des étoiles, pas encore sortie, est pas mal inspiré par la BD Thorgal, la série Ulysse 31 et la mythologie en général.

 

Inspiration : une autre perception du monde

De manière générale, j’ai une relation compliquée avec l’écriture dans la mesure où je n’ai pas d’auteur dont je pourrais être fan, je pioche vraiment des éléments un peu partout dans tout ce que j’ai pu assimiler au fil du temps. Plus bizarre encore, je pioche parfois des éléments dans ce que je ne connais pas directement : j’aime beaucoup accumuler des connaissances sur des sujets divers et variés, donc il m’arrive de connaître des œuvres indirectement sans les lire ou les voir. Du coup je peux m’en inspirer uniquement à partir de l’idée que je m’en fais.

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Menu des chapitres actuel de Milk~La légende des étoiles

Je pars du principe qu’il est impossible au XXIe siècle d’inventer de la matière première de toutes pièces: tout a finalement déjà été pensé par quelqu’un d’autre. Pour moi l’écriture est plutôt une forme d’alchimie: je combine une grande quantité d’éléments de sources différentes en rajoutant ma touche personnelle pour former un tout cohérent et je pense que c’est dans ce mélange d’influences que réside l’inventivité. Par exemple, l’histoire de Cendrillon existe déjà, mais c’est la vision que je peux en donner qui est potentiellement intéressante. Ce n’est pas tant l’idée de base qui importe que son exécution !

A partir de là, je me repose pas mal sur la rencontre entre ces éléments variées et ma perception du monde décalée. Ayant une manière de penser assez unique, j’ai l’impression que je peux écrire uniquement en m’appropriant un sujet.

 

Motivation : bouteille à la mer

J’ai beaucoup lu dans mon enfance et par le passé, mais je n’ai jamais réussi à trouver une œuvre qui me corresponde vraiment, sauf peut-être vaguement dans le domaine de l’animation, plus propice à l’expérimentation. Déjà, en tant que femme, c’est pas toujours facile d’être représentée dans la mesure où la quasi-intégralité de la littérature classique ou actuelle n’évoque que des préoccupations masculines ou une vision stéréotypée de la femme (chaussures, shopping et prince charmant, yay). Mais en plus, en tant qu’autiste, ma façon de penser n’est jamais abordée, ce qui fait que je ne me sens pas vraiment concernée par la majorité des productions culturelles actuelles. Heureusement qu’il y a des perles bien cachées valant le coup d’être découvertes mais disons que je ne suis pas aussi bien lotie que d’autres qui trouveront plus facilement leur bonheur. Vous pourrez chercher très longtemps, vous trouverez difficilement une histoire mettant en scène un autiste en personnage principal qui ne soit pas à visée explicative sur l’autisme. Cela ne veut pas dire qu’il n’existe pas d’œuvres neurotypiques intéressantes, on est bien d’accord, mais seulement que mes goûts ne sont pas les goûts majoritaires. C’est bien pour cela que je suis intéressée par le jeu-vidéo indépendant : j’espère y trouver plus de diversité qu’ailleurs.

Fort égoïstement, ce qui me motive à écrire est d’essayer de créer des œuvres susceptibles de me plaire. Vu que j’ai du mal à trouver des histoires qui me ressemblent, j’ai décidé de prendre le taureau par les cornes et de les faire moi-même. Si mes productions arrivent à satisfaire à mes exigences assez particulières, j’en suis relativement contente, et ça me ferait très plaisir si d’autres venaient à se retrouver dans ce que j’écris et dans ma façon de pensée. Cela voudrait dire que je ne suis pas vraiment la seule à avoir ces goûts et que je peux, d’une manière ou d’une autre, être utile à ma manière. On peut considérer que j’envoie une bouteille à la mer : je transmets une partie de moi-même dans mes jeux dans l’espoir que peut-être, quelqu’un, quelque part, tombe dessus et se reconnaisse, y trouve de l’intérêt.

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Capture d’écran de l’Episode 5 de Milk, en cours de développement

Je ne sais pas ce que d’autres développeurs tentent de transmettre en se lançant dans la création de jeux-vidéo mais pour ma part, tout renvoie un peu à mon handicap : c’est à la fois mon inspiration, ce qui me pousse à écrire, ma malédiction et mon cadeau. Je n’aurais pas autant envie de me battre si je n’avais pas une voix différente à faire entendre, mais je n’aurais pas autant de mal à percer si je n’avais pas une voix différente à la base. J’aimerais que les personnes différentes puissent avoir accès à autant de contenu susceptible de leur plaire que les autres. Si une Helia enfant/ado est en mesure de trouver chaussure à son pied sans galérer, alors j’aurais accomplis ma mission. La route est encore longue d’ici là ;).

Pourquoi on ne participera plus au Ludum Dare

J’en ai déjà un peu parlé à ceux que j’ai pu croiser à Japan Expo mais il très fort probable que la Träumendes Mädchen ne participe dorénavant plus au Ludum Dare et à certaines game jam. Explications.

Cette image fait un bon header !

 

Se chercher, se trouver

Pour ceux du fond qui ne suivent pas, une game jam est un rassemblement où des développeurs essayent de chacun créer un jeu de A à Z en un temps record. Si ce genre de compétitions était encore relativement peu connu il y a quelques années, leur nombre a récemment explosé au point où il est parfois difficile de s’y retrouver. L’intérêt principal d’une game jam est de constituer un cadre propice à la création. Différents cas de figure peuvent se présenter :

  • Si vous venez tout juste de vous engager dans le processus créatif, finir un projet court vous permet d’engranger de l’expérience. C’est d’ailleurs le conseil numéro un donné aux débutants : commencer petit le temps de prendre le coup de main.
  • Si vous avez des lacunes dans un domaine et souhaitez saisir l’occasion pour vous perfectionner. La vie étant bien remplie, vous n’avez peut-être ni le temps, ni la motivation, de vous y mettre sans un coup de main.
  • Si vous avez du mal à travailler sans une date butoir. Le fait d’être entouré d’autres développeurs qui vivent la même chose que vous au même moment est réellement stimulant, d’autant plus lorsqu’on s’encourage mutuellement. C’est donc l’idéal pour les personnes qui sont très douées pour lancer des idées et moins pour les réaliser.
  • Si vous avez besoin de souffler entre deux gros projets. Oui, c’est aussi un cas de figure ! Même après des années d’expérience, un développeur chevronné peut en avoir marre des projets interminables et apprécier de travailler sur quelque chose de « simple ».

Pendant un bon paquet de temps, la Träumendes Mädchen correspondait à un de ces cas de figure : ainsi Being Beauteous avait une importance symbolique dans la mesure où c’était notre premier projet fini, et nos jeux suivants étaient surtout des idées que je voulais expérimenter. Or ce n’est plus vraiment le cas. Se chercher une identité était une étape importante mais je pense que je m’approche doucement de la réponse et que les game jams n’y contribuent plus vraiment. C’est une première raison mais pas la plus importante.

La scène d’After Story d’Eleesha, uniquement disponible sur la copie physique de Wounded by Words ~

 

Le Roman et le Jeu

Ce qui motive réellement ce choix, ce sont les conditions propres au Ludum Dare et à d’autres game jam du même genre : elles ne sont pas adaptées à des jeux de type narratif. Déjà, à cause de la durée fixée.

Vous avez demandé un défi ?

On le sous-estime souvent mais un visual novel nécessite un sacré temps de conception, déjà dans la réflexion pour élaborer le scénario et ensuite dans la fabrication des ressources. Certes, un VN demande moins de temps et de compétences en programmation mais en contrepartie, l’expérience est terriblement « fixe ». Le joueur ne peut pas se déplacer librement, il n’y a pas de gameplay particulier, juste du texte à lire agrémenté de graphismes qui varient légèrement parfois des choix. Le développeur doit donc souvent multiplier les ressources (expressions des sprites, décors, illustrations ponctuelles, légères animations) pour essayer de casser cette impression. Un VN, même peu gourmand en graphismes (au hasard un huis-clos) demande donc déjà pas mal de ressources et elles sont en haute définition de surcroît (pas moyen de tricher légèrement comme avec le pixel art) ! Autant dire que c’est un sacré miracle d’avoir fini nos projets en un délai aussi resserré !

Allégorie de mon crâne après une game jam…

 

Réaliser l’impossible

De plus, il ne faut pas oublier que l’élément clef d’un visual novel est bien son scénario. D’autres types de jeux peuvent tricher, tout miser sur l’ambiance ou le gameplay, et ça ne pose pas problème. Le visual novel est un roman interactif, il ne peut pas faire l’impasse. Sauf qu’une histoire, même courte, nécessite ne s’écrit pas aussi vite qu’on peut le croire. Cela dépend bien sûr des auteurs mais dans mon cas, j’ai un processus de maturation très lent. Il me faut souvent des mois pour accumuler les éléments avant de pouvoir reconstituer le puzzle mentalement. Par contre, une fois que l’image finale est claire dans ma tête, je suis capable d’écrire relativement vite. Le problème c’est que les game jam tendent à court-circuiter mon processus de maturation vu que tout doit être fait tout de suite. J’ai bien une idée mais je n’ai pas le temps de la développer suffisamment et je me retrouve obligée de la concrétiser avant qu’elle soit prête. C’est plus que visible avec Garden of Oblivion puisque ce jeu n’a pas réellement d’histoire. Comme c’est un hybride avec des éléments de point & click, il est toujours possible de se reposer sur l’ambiance, mais il n’y a pas d’intrigue forte (alors que c’est censé être ma spécialité ou du moins mon aspiration). C’est aussi le cas avec Wounded by Words qui m’aura poussé dans mes limites puisque j’ai passé l’intégralité de ces trois jours à écrire furieusement : l’idée dans ma tête étant incomplète, je me suis retrouvée en difficulté à plusieurs occasions. Cela peut sûrement vous sembler anecdotique, une complainte d’écrivain, mais c’est immensément frustrant pour moi de ne pas pouvoir me sentir satisfaite de mon travail.

Au moins, j’ai pu m’entraîner à intégrer des phases d’exploration !

 

L’inspiration ne vient pas toute seule

Au-delà du temps trop court, ce qui me rebute désormais le plus avec le Ludum Dare c’est le choix du thème. A chaque édition, les participants font des propositions et votent pour leurs préférées. Au bout de plusieurs tours, le thème officiel est annoncé et sonne l’ouverture du concours. Cependant, il est très rarement adapté à la création d’un jeu narratif. Le plus souvent le thème est là pour suggérer des idées de gameplay potentiel. Unconventional Weapon, le tout dernier en date, a inspiré les développeurs pour faire des jeux marrants avec les armes les plus loufoques possibles. Entire Game on One Screen, le précédent, les encourageait à faire bon usage d’une limitation de décors. Connected Worlds laissait un peu plus de liberté mais suggérait également pas mal d’idées de gameplay en rapport avec le lien. J’arrête là ma série d’exemples, je pense que vous avez compris. Difficile d’élaborer une intrigue avec si peu de matière…

Oui, de nouveaux personnages sont également présentés dans certaines des nouvelles scènes ~

 

Les « vrais » jeux et les autres

C’est d’autant plus visible que la communauté qui participe au Ludum Dare a encore de grandes difficultés à s’ouvrir. A chaque fois que j’ai commenté des œuvres qui utilisaient Twine ou Renpy, je tombais forcément sur CE commentaire, celui qui dit « Ce n’est pas un vrai jeu, c’est nul ». Ca pourrait expliquer pourquoi aussi peu de femmes participent… Par-dessus le marché, on ne va pas se cacher : certains créateurs viennent chercher dans la notoriété du Ludum Dare un peu de visibilité dans un marché de plus en plus concurrentiel. Et surprise, il y a de grands chouchous qui se représentent à quasiment toutes les éditions et qui trustent la grande majorité des articles de presse car les journalistes se jettent sur leurs jeux en priorité. Bref, pas très efficace pour les autres.

Plus de développeuses, on a dit !

 

Conclusion

Tous ces éléments font que je ne me vois pas participer au Ludum Dare ou une game jam de ce type à nouveau : les contraintes sont trop nombreuses et le plaisir n’est pas suffisant. Peut-être aussi que je n’ai plus rien à me prouver. Toujours est-il que si je dois renouveler l’expérience, ce sera avec ce bon vieux Nanoreno (le concours de Lemmasoft) ou avec une game jam spécifiquement compatible avec les jeux basés sur l’histoire. Et ce ne sera pas pour tout de suite ! Rien n’empêche les autres de se lancer dans l’aventure, même si je pense que le Nanoreno est vraiment la seule compétition adaptée à un visual novel. Le seul problème : il n’y en a qu’un par an ;).