La genèse de Chronotopia : les personnages

La dernière fois je vous parlais de comment le concept derrière Chronotopia m’est venu donc cette fois-ci je vais vous parler des personnages et de comment j’ai choisi Peau d’Ane comme conte de fées à travailler.

Attention, il est fortement conseillé d’avoir joué à la démo au préalable pour ne pas gâcher la surprise et mieux comprendre ce qui va suivre. Si ce n’est pas encore fait, je vous recommande chaudement d’y jeter un œil !

Peau d’Ane : le croisement de multiples variations

Une fois que le concept de Chronotopia a été trouvé, il a fallu que je sélectionne le conte de fées que j’allais réécrire et ce que j’allais en faire. Pour cela, j’ai sorti ma collection de bouquins et j’ai entièrement relu un ouvrage que j’aime beaucoup. Celui-ci consiste en fait en une compilation qui répertorie toutes les variantes du folklore et de la littérature des contes de Perrault. Comme je trouve vraiment dommage que si peu de gens aient connaissance des multiples variations qui existent autour des contes de fées, j’ai eu envie de tous les explorer…en même temps. Immédiatement, j’ai donc eu l’idée d’une héroïne qui devrait remonter le temps et dont chaque boucle de ses aventures représenterait une version méconnue d’un conte. Mon choix a fini par s’arrêter sur Peau d’Ane car c’est celui qui possédait les variations les plus intéressantes. En outre, cela me permettait je pouvais de piocher facilement dans d’autres contes possédant des similarités pour compléter le tout : Cendrillon, Grisélidis, la Belle au Bois Dormant, les Fées, ainsi que quelques récits de Chrétien de Troyes.

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On ne la voit pas encore mais la peau de l’âne est bien là !

Chronotopia est donc une ode aux contes de fées méconnus repris à ma sauce et je pense que les fans comme moi apprécieront les multiples références !

 

Le choix d’une princesse noire

Après le concept et l’intrigue, je me suis donc intéressée aux personnages principaux, à commencer par la princesse. Dans la version de Perrault comme dans le film de 1970 avec Catherine Deneuve, le roi décide d’épouser sa fille sous le prétexte frivole que ce serait la seule qui égalerait sa mère en beauté. J’ai toujours trouvé cette excuse ridicule : un noble aussi fortuné que lui peut tout à fait se permettre d’envoyer des messagers dans tout le pays, voire dans toute l’Europe. Qu’on ne me fasse pas croire que ses standards soient si hauts qu’aucune princesse dans tout le continent n’arrive à lui plaire ! Je suis donc partie du principe qu’il recherchait avant tout une épouse qui ressemble physiquement à la précédente, ce qui expliquerait qu’il soit si prompt à basculer dans l’inceste.

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La conception du sprite de Kionna, étape par étape

Mais il y avait encore quelque chose qui me chiffonnait, quelque chose qui n’allait pas. De toute l’Europe, il devrait bien y avoir une princesse qui convenait, fusse-t-elle d’Espagne ou de Russie. Changer la couleur de peau de la reine m’a donc paru une évidence : des personnes de couleur, il y en a toujours eu dans la société du Moyen-Âge. En revanche, vu que les nobles tiennent beaucoup à leurs terres et aux mariages d’intérêt, il est beaucoup plus rare de  trouver des personnes de couleur à des postes de pouvoir. Si la reine était noire, sa fille le serait forcément aussi, ce qui donnerait du crédit à la difficulté que le roi a à se remarier.

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Les croquis des différents personnages par Anako

Une princesse noire avait aussi un autre avantage, celui de proposer un design qui sorte de l’ordinaire. On ne va pas mentir, Disney est passé par là, ce qui fait que toutes les variations possibles et imaginables autour d’une princesse blanche ont été exploitées (blonde, brune, rousse, etc). Et je veux forcément que mon personnage soit reconnaissable au premier coup d’œil. De fait, la solution me semblait parfaite que ce soit en termes de scénario, de design ou de diversité. Peau d’Ane est donc devenue Kionna, seule héritière d’une grande reine métissée (une manière d’expliquer la chute du royaume et de donner une motivation à l’héroïne).

 

Le traitement de la fée

Comme la finalité de Chronotopia reste que Kionna voyage à travers le temps et apprenne en même temps à devenir une meilleure personne, il me semblait évident que le moteur de tout cela serait la magie. Dans les contes traditionnels, la marraine est un personnage servant uniquement de deus ex machina : elle n’a jamais de vie en dehors de celle de l’héroïne, sa magie est illimitée, il n’y a jamais de conséquences ou d’effet secondaire. Et j’ai toujours trouvé ça bien trop commode. J’ai donc voulu que la magie dans Chronotopia fonctionne de manière similaire à ce qui a pu être fait dans Madoka Magica : non seulement utiliser des pouvoirs magiques a un prix, mais en plus cela peut potentiellement entraîner un effet papillon dévastateur. Même si le prix lui-même est davantage inspiré de Mai Hime où les personnages féminins tirent leurs pouvoirs de leur amour.

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L’original d’Anako qui m’avait tapé dans l’oeil versus le design actuel de la fée

A partir d’un tel concept, la Fée devait nécessairement refléter l’ambiguïté de ses pouvoirs, être à la fois un allié dans la quête de l’héroïne et un personnage inquiétant en lequel on n’aurait pas forcément confiance au premier abord. Heureusement j’étais tombé sur un des dessins d’Anako et je savais déjà que je voulais quelque chose dans le même goût (un côté « sorcière ») au niveau du design.

Restait encore à éclaircir quelques points de l’histoire. Dans la version de Perrault, c’est la fée qui donne de très mauvais conseils à Peau d’Ane en l’encourageant à demander les robes magiques, puis la fameuse peau. Et ça n’allait pas du tout à un être millénaire aux pouvoirs quasi-divins. J’ai donc créé le personnage de Nahima pour servir de « marraine temporaire » : c’est elle avec sa compréhension beaucoup plus humble du monde qui tente tant bien que mal d’aider son amie. L’échec de la stratégie des robes est donc bien plus crédible et cela permet d’augmenter progressivement l’attente autour de l’apparition de la fée qui n’en paraît que plus mystérieuse et inaccessible.

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Quelques essais d’Anako pour la tenue de Nahima

Je pense que Nahima s’intègre très bien dans son environnement parce qu’elle permet de rendre l’exil de Kionna encore plus douloureux tout en créant un point d’ancrage avec sa vie dans le château. Et comme elle apparaît tardivement, la fée a son propre ordre du jour : elle accepte d’aider Kionna mais ne cache pas qu’elle a d’autres choses sur le feu et qu’elle aimerait bien en finir assez vite…pour retourner dormir. N’est-ce pas une excellente justification XD ?

Voilà la genèse derrière le projet, son histoire et ses personnages. J’espère que ça vous a plu ! Je vous rappelle que Chronotopia est sur Kickstarter et a toujours besoin de votre soutien ;).

Un commentaire sur “La genèse de Chronotopia : les personnages

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